"Je vivais à l'écart de la place publique, serein, contemplatif, ténébreux, bucolique"... Heu non... "J'étais tranquille, j'étais peinard, accoudé au comptoir"... Non plus... "j'étais cool assis sur un banc, c'était au printemps"... Pfff non...
Saperlipopette, toutes mes idées potentielles d'entrée en matière pour cet article ont déjà été imaginées. Mais que vaux-je donc alors? Qui suis-je pour me permettre de me questionner sur ce que je vaux? Qui suis-je tout court?
Voilà vous l'aurez compris je fais ma petite crise existentielle, celle qu'en accord avec moi même (Rhôô la la!!) j'ai décidé de qualifier de "crise de la trentaine"...
Attention! la phrase qui va suivre est beaucoup trop longue. Si vous n'êtes pas d'humeur à vous la coltiner, je vous conseille de vous rediriger vers ce lien.
Ça a donc commencé il y a peu, alors que mes synapses et le reste de mon moi formaient quelque chose d'à peu près équilibré et puis voilà, comme j'ai cette (très) vilaine habitude de commencer une demi-douzaine de bouquins à la fois (pour en général n'en finir qu'une demi-demi-douzaine), et bien je me suis retrouvé à jongler entre La Formule de Dieu de José Rodrigues Dos Santos et Le Royaume d'Emmanuel Carrère.
Le premier utilise une espèce d'aventure Da Vinci Codienne pour tenter de faire la lumière (!) sur le Big-Bang et ce qu'il y avait avant, si tant est qu'il y ait eu quelque chose avant. Dans le second, l'auteur, après avoir brièvement goûté à la foi, mène sa propre enquête sur les faits que l'on attribue à un certain Jésus C. C'est aussi et surtout l'occasion pour lui de faire le point sur sa propre névrose.
Voici donc que depuis quelques mois, mon esprit dérive dans les méandres de l'existentialisme, entre la physique quantique et la spiritualité. Et même si mon athéisme profond et revendiqué n'a rien perdu de sa superbe (bien au contraire), je me retrouve dans cette phase ou tout ou presque est sujet à méditation et c'en est un peu flippant. L'infini, le vide, le néant, le temps, l'espace, l'avant, l'après. Je regarde des documentaires sur les accélérateurs de particules d'un côté et lit les articles de Psychologie Magazine d'un autre... Mayday! Mayday!
Bon ce qui me rassure c'est que je ne suis certainement pas un cas isolé. Hein?
Les dialogues (ou plutôt les monologues alternés) que je partage notamment avec mon ami Kevin P. hebdomadairement me confirment que je ne suis pas le seul à me questionner sur le simple fait d'être ou ne pas être...
Et puis merde à la fin, ça ne vous intrigue pas vous, l'idée que l'univers était grand comme le chas d'une aiguille à coudre? Nan? Bon ok .
Mais ce que j'appelle ici "la crise de la trentaine" ne s'arrête pas là... Ohhhhhhhhhh que non!
- Je porte désormais des chemises... put.. des chemises quoi!! et même (mais ça reste entre nous), il se pourrait bien que j'ai investi il y a peu dans un pantalon de couleur, genre rouge pâle (il est encore trop tôt pour moi d'avouer qu'il est rose).
- Je sais mettre une couette dans sa housse dans un temps inférieur à sept minutes!
- South Park ne me fait plus tellement rire et je trouve que Les Simpsons c'était mieux avant.
- J'aime discuter de politique!
- Je trouve que l'affiche des Vieilles Charrues va tous les ans de mal en pis. Et puis t'façon y a trop de monde dans ce festoche!
- Je m'suis fais tatouer.
- J'achète plus de vinyles que de CD's.
- J'écris un blog pseudopsychanalytique dans lequel j'évoque ma nostalgie.
- Je rentre quand je suis ivre sans attendre le second souffle de la soirée.
- J'ai un avis sur tout (sauf sur le foot).
- Je déteste ceux qui ont un avis sur tout.
- Je suis dans la moyenne d'âge des salariés qui bossent avec moi.
- Je n'ai pas de télé.
- Je ne suis plus fou amoureux de Meg Ryan.
- Je suis beaucoup plus indulgent.
- Mais je reste très imperméable sur certains sujets (l'armée, la religion...)
Freud disait qu'il faut tuer le père pour rentrer dans l'âge adulte. Regardez d'ailleurs l'état actuel du FN et constatez à quel point ils galèrent pour se séparer de l'autre immonde vieille carne.
Pour ma part, je pense qu'à l'image de beaucoup d'autres situations, il suffit juste d'avoir le déclic, simplement s'en rendre compte. Parfois ça fait drôle. Et là pour le coup, et bien ça fait drôle...
Comme souvent, la vérité sort de la bouche d'Arno.