Il est de ces adjectifs que l’on emploie allègrement et trop régulièrement sans que celui-ci ajoute un intérêt particulier, une plus-value au nom qu’il qualifie. Alors que l’on peut aisément comprendre l’idée véhiculée par le mot « grand » dans « un grand moment » ou encore « du grand n’importe quoi », il est loin d’en être de même pour son ennemi juré, le « petit » !
Opala, loin de moi l’idée d’un quelconque dénigrement de ce qui est petit ou de ceux qui sont petits, non, non, non… ce qui a une certaine tendance à m’irriter les portugaises (là encore, pas la moindre idée ségrégationniste), c’est l’usage intempestif du qualificatif.
Pourquoi faut-il toujours que l’on se « fasse un p’tit restau » ? Pourquoi le nouveau est-il toujours petit ? Pourquoi, du haut de mon mètre quatre-vingt-dix suis- je le petit copain de ma moitié ? Comment doit-on réagir lorsque l’on nous interpelle avec le fameux t’as pas une p’tite clope ? Enfin j’veux dire…. merde c’est standard la taille d’une clope non ?
Et y’en a d’autres !!! Vous le trouvez petit le Papa Noël vous ? Et c’est quoi ce « petit vin de derrière les fagots » ? Et ce « petit bonjour » avec lequel on commence systématiquement nos cartes postales ? Serait-ce donc en fait un « Bonjou » ? Voire carrément un « Bonj » ? Vous connaissez beaucoup de gens qui vont faire une sieste tout court ( !) ? Ben non… il faut toujours que l’on aille faire une « petite » sieste (parfois suivie d’un p’tit pipi au p’tit coin) !!!
D’aucuns diront que ça donne ou renforce l’idée d’un (petit) côté mignon, attendrissant, une notion de proximité… Mouais, est-ce vraiment nécessaire lorsque l’on parle de clope ou de pipi ? Not sure at all !!
Mais là où je trouve que l’on atteint le climax de la « surutilisation » du mot, c’est quand on décide de l’associer au « dernier » !!!
Nan mais qu’est ce que c’est que ce truc de TOUJOURS vouloir que le dernier soit petit ?
Prenons l’exemple du fameux p’tit dernier pour la route.
Primo, celui-ci est bien souvent loin d’être petit, que ce soit en termes de quantité et/ou de degré d’alcool.
Secundo, ce p’tit dernier est souvent suivi d’un autre petit dernier.
Et tertio, peu importe le nombre de p’tits derniers, «prendre la route » à ce moment là, c’est pas l’idée du siècle…
De la même manière, tout ce qui est Dragibus, Pim’s, Curly, Carambar (liste subjective et non exhaustive)… Vous savez ce genre de choses chimiques qui nous font tous dire le très célèbre « Allez un p’tit dernier et j’arrête ». Et bien, au même titre que la clope sus-citée, je ne crois pas avoir souvent vu de Carambar ou autres lichouseries avec des tailles vraiment disproportionnées dans le même paquet…
Comment ne pas parler aussi du p’tit dernier épisode que l’on regarde les yeux injectés de sang à une heure du mat’ et qui fait 52mn comme les autres (et qui lui aussi, va souvent être suivi d’un autre petit dernier) ou encore le p’tit dernier chapitre du roman que l’on va finir au bout du compte.
Je repense aussi à cette finale de coupe du monde 2006 avant laquelle tout le monde s’est secrètement dit : « Allez Zizou tu nous en mets un p’tit dernier avant d’partir en r’traite bordel à queue !! ». Une finale de coupe du monde et on parle de p’tit dernier !!! Nan mais allo quoi !! Et du coup, VLAN une Panenka ! (l’histoire retiendra surtout une certaine Thoraxocéphalite…)
Pour conclure avec cette idée de p’tit dernier, je voulais savoir si dans la famille Riner, vous connaissiez le nom du p’tit dernier ? Ben ouais Teddy… 131kg, 2m04…
J’vous laisse réfléchir là-dessus…